dimanche 6 mai 2012

Un petit creux?

Quand nous vivions de la forêt de Soignes...
Dans les bistrots de Rhode-Saint-Genèse, on ne faisait pas que boire... on pouvait aussi s'y restaurer. Enfin, "in den ouwen tijd", au "bon vieux temps", "à la Belle époque". Au bistrot du coin de la rue de la Station et de la rue Termeulen, une dame, que l'on surnommait la "Brusselles" servait des mosselen, mais attention, sans frites! Un détail : elle venait de la grande ville et portait du vernis laqué rouge, ce que les Rhodiens regardaient d'un air fort suspicieux...
En quittant le bistrot, d'octobre à avril, les Rhodiens se rendent à de grandes "eetfeesten" qui sont essentiellement des "pensenkermissen", des kermesses au boudin, blanc et noir. Les connaisseurs choisissent de préférence le "plat spécial" (en français dans le texte), savoureux mélange de pieds de cochon et de boulettes à la sauce tomate, champignons, le tout recouvert de tranches d’œuf dur. Les gens sont friands de produits locaux (streekprodukten) comme le plattekaas et le « geperste kop », la tête pressée.
Une connaissance me raconte que lorsqu'il était enfant, dans les années '40, un camion amenait une fois par semaine, à l'épicerie "Centra" que tenait sa maman sur la chaussée de Halle, de grands tonneaux plein de harengs crus. Lui et son père les préparaient avec des oignons et du vinaigre, ce qui permettait de les conserver toute la semaine. À l'époque, les "Pèkèl" crus constituaient une nourriture bon marché, que venaient acheter les ouvriers des nombreuses manufactures des environs. Pas de problème avec les omégas 3!
Autrefois, les femmes cuisaient la "tartelette traditionnelle", composée de petits fruits rouges, qu'elles allaient cueillir dans les bois alentour. Pour la cuisson, le four devait être "haten met hout en stro", avec du bois et du fumier. Toutes les maisons n'étant pas équipées d'un four, les familles se rassemblaient chez ceux qui en possédaient un. Le matin, de bonne heure, les Rhodiennes chargeaient leurs "karreken", les charrettes à bras, pour aller vendre leurs tartelettes Place Sainte Catherine ou sur d'autres marchés à Bruxelles. Les pâtisseries étaient fort appréciées des Bruxellois, mais aussi des habitants de Halle, à chaque occasion (kermesse, procession, etc.) 
"Zo sterke vrouwen", des femmes si courageuses, auxquelles Charles Carpentiers rend hommage en 1954 en créant les géants de Rhode, Tist en Triene (pour "Baptiste" et "Catherine"), enfants d'un premier couple, Tist en Sabintje. Leur première sortie avait eu lieu à l'Espinette centrale en 1935.  Triene porte son panier plat sur la tête pour transporter ses tartelettes et Tist est armé de sa serpette, parce que c'est un courageux "bezenbinder", un "faiseur de balai", un des plus vieux métiers de Rhode... 


(Source : Ucclensia, n°178-179) 

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